Préface de Louis MILLET

La Franc-maçonnerie: un péché contre l'Esprit ?

Le dimanche 27 juillet 1997, Jean-Luc, le "Patron" de l'émission du soir de "Lumière 1 01 ", sur "Radio Courtoisie", m'a invité pour parler de l'opposition qui se dressait contre la venue du Pape en France à Reims. Il m'a alors fait "rencontrer" quelqu'un qui connaissait de l'intérieur les maîtres des adversaires: un ancien franc-maçon, Maurice Caillet. Rencontre insolite: mon interlocuteur était au bout du fil, en Bretagne... C'est d'ailleurs seulement au début de l'émission que j'ai appris qui serait avec moi sur les ondes.

Pendant une heure et demie nous avons dialogué à la manière des anciens qui essayaient d'aller ensemble vers la Vérité. Nos paroles sont exactement rapportées dans ce livre, et les lecteurs pourront le vérifier, s'ils le désirent, en achetant la cassette qui contient leur enregistrement (s'adresser à "Radio Courtoisie", 61 boulevard Murat, 75016 Paris - en indiquant la date de l'émission). On verra dans l'ouvrage que cette cassette a été ensuite écoutée par diverses personnes, dont certaines appartiennent à la franc-maçonnerie ;; le côté oral, improvisé, n'a pas été corrigé ; je précise que je ne connaissais pas la nature des questions qui me seraient posées (c'est la règle, afin que les propos soient vivants).

Maurice Caillet m'a demandé de préfacer son livre, et je le fais avec joie, car cette rencontre d'un soir, suivie d'autres (par correspondance, en attendant mieux ... ) s'est faite dans la Vérité (dans la Vérité incarnée en Jésus) et dans une vérité particulière très importante de nos jours: l'impossibilité d'être catholique et franc-maçon, contrairement à certaines opinions qui se répandent. J'avais du reste perçu cela dès ma jeunesse, avant même de connaître les textes du Magistère: à l'âge de seize ans je me suis trouvé au travail avec des francs-maçons, dans un établissement universitaire du plus haut niveau, dont le recteur était alors le second personnage de l'Education Nationale (juste après le ministre) ; il était un haut dignitaire de la F.M., et le Secrétaire Général en était aussi, de même que la personne qui se trouvait en face de moi dans le bureau. J'ai vécu alors la violente hostilité à l'égard de ma foi, du Christ, de l'Eglise ; et cela dans un climat de dérision envers nos dogmes et notre vie chrétienne. L'adolescent que j'étais alors en fut stupéfait. Depuis il m'est arrivé de rencontrer d'autres

francs-maçons au cours de ma carrière et mon étonnement a laissé la place à une profonde tristesse. J'ai vu que c'est une illusion absolue que d'imaginer quelque entente entre le christianisme et les obédiences franc-maçonniques (avouées ou non: je pense en particulier à ce sous-marin qu'est le Rotary-Club) ; on veut nous faire croire qu'il s'agit de "société de pensée" - en réalité ce sont des masques qui cachent une espèce très dangereuse de "loups ravisseurs".

Maurice Caillet met en lumière l'opposition majeure entre notre foi et la Franc-maçonnerie.: cette incompatibilité tient à ce que notre vie d'enfants de Dieu est une relation personnelle avec Dieu, par l'union dans le Corps mystique du Christ. Jésus est réellement le Verbe incarné, Dieu venu en notre chair, toujours vivant dans la gloire divine depuis ce fait historique qu'est la Résurrection suivie de cet autre fait historique qu'est son Ascension. Il vit avec nous, et cela change tout. C'est cette expérience que Maurice Caillet a faite un jour, d'abord dans la rencontre extraordinaire, absolument imprévue, où Dieu s'est manifesté à lui à la fin du saint sacrifice de la Messe, à Lourdes, où il se trouvait "par hasard": "pour la première fois de ma vie, j'ai entendu une voix intérieure" ; il ne l'a pas identifiée, mais la divine grâce agissait avec une douceur pénétrante, car la voix disait: "C'est bien, tu demandes la guérison de ton épouse, mais qu'as-tu à offrir ?" Il faut lire ce témoignage existentiel*: encore et toujours franc-maçon, Maurice se trouve à Lourdes dans une dernière démarche, après de nombreux échecs médicaux, espérant pour son épouse un "choc psychologique" ; or, cet incroyant, après avoir perçu cette voix intérieure, comprend qu'il n'y a qu'une réponse: "Et, instantanément, je n'ai vu 'une chose à offrir, c'est moi-même". Il est évident que Maurice Caillet a été alors plongé dans la Lumière de la Vie, notre Seigneur et Dieu, Jésus: il offre sa vie pour l'être qu'il aime. Il n'y a pas de plus grand amour.


La Vérité en Personne s'est offerte, comme elle le fait pour chacun ; à vous, lecteur de ces pages, comme à moi-même ou à ce dignitaire franc-maçon. qui s'interroge ; puis, quand il y a eu une rencontre de conversion radicale, dans chaque minute de notre vie d'enfant de Dieu, où, si nous le voulons bien, "nous ne faisons qu'un, Lui (Jésus), et nous... nous sommes consubstantiels au Christ" (Saint Jean Chrysostome, Commentaire de la lettre aux Hébreux). N'a-t-Il pas dit: "Je suis la Vigne, vous êtes les sarments ? "...

Louis MILLET

Professeur Emérite, Agrégé de Philosophie des Facultés.